Tortue - mâle - 13 ans - 3,8 kg
Tortue terrestre (Radiata) présenté pour une masse au cou et des lésions sur l'antérieur droit avec gonflement de cet antérieur.
La tortue mange, continue à faire ses besoins et se déplace bien (traine un peu l'antérieur droit mais arrive à bien le mobiliser).
Elle a 13 ans et 8 mois, et vit dans un jardin avec une autre tortue. D'après les propriétaires, les deux tortues s'ignorent la plupart du temps.
À l'examen clinique, la tortue est alerte et vive.
Une radiographie de l'antérieur droit a été proposée, ainsi qu'une chirurgie sous anesthésie générale pour le retrait de la masse du cou et un curetage des lésions noires de l'antérieur.
A la radiographie, rien de notable selon nous.
Pour la chirurgie de la masse du cou, il s'est avéré que celle-ci était fortement enkystée dans les muscles, ce qui nous faisait davantage penser à une tumeur qu'à un abcès. Après discussion avec les propriétaires, cette masse n'a pas été enlevée.
Concernant les lésions noires de l'antérieur, nous les avons curetées (facilement) et une matière noire/brune friable en est sortie, créant des galeries sous-cutanées dans le membre (plusieurs lésions communiquaient entre elles).
Nous avons effectué une coloration au Diff-Quick de la matière obtenue sur une lame et l'avons observée au microscope.
Savez-vous ce que peuvent être ce type de lésions en galerie avec cette substance friable sur une tortue ? Les tortues peuvent-elles faire des comédons ?
Merci d'avance pour votre réponse !
RADIOLOGIE - MÉDECINE INTERNE - DERMATOLOGIE
Expert : Médecine interne – NAC
Diplôme : American College of Zoological Medicine (ACZM)
Bonjour,
Au vu des lésions macroscopiques et de la lame de cytologie, cela fait penser à du pus (très caséeux) chez les reptiles, mélangé avec du sang (il y a beaucoup d’érythrocytes sur votre lame). De plus, il me semble apercevoir des bactéries.
Je conseillerais un débridement jusqu’à la zone saine de la plaie sous anesthésie générale, une culture bactérienne de la plaie à minima, en précisant qu’il faut réaliser la culture à température ambiante (c’est très important, sinon vous n’aurez pas les bons germes).
Vous pouvez ensuite insérer dans la plaie des compresses de gentamycine ou des billes imprégnées de gentamycine en attendant les résultats de la bactériologie avec antibiogramme. Puis, recouvrez le tout avec de la crème ou solution argentique-sulfadiazine (SSD en pharmacie).
Un bandage est nécessaire pour garder cette zone propre, surtout que ces espèces ont tendance à creuser.
Gardez en tête que les surinfections fongiques sont possibles et très compliquées à traiter, donc un bon débridement est essentiel, avec un pansement adapté !
Outre cela, vérifiez bien les conditions environnementales (température, points chauds et froids), l’humidité, la lampe UVB (bon spectre, voir Ferguson) et la céramique.
Une radiographie dans un mois est recommandée afin de vérifier une possible ostéomyélite.
Si l’état général de l’animal est affecté, il conviendrait également de réaliser un bilan sanguin, avec frottis pour l’hématologie.
Bon courage,
Estelle
Expert : Médecine interne, Hématologie biochimie
Diplôme : ABVP – Reptile and Amphibian Practice
European College of Zoological Medicine – Herpetology (ECZM)
Copyright Wevet
Bonjour,
Il s’agit effectivement de pus et d’une arthrite de l’extrémité podale. J’ai un doute sur la possibilité d’une ostéomyélite des phalanges des doigts I et II.
Tout cela est probablement la conséquence de morsures de son congénère (les morsures sont fréquentes au niveau du cou et des membres chez les chéloniens, notamment pour tenter d’immobiliser le partenaire).
En effet, comme dans la réponse précédente, je vous recommande un parage soigneux du carpe droit et des doigts, ainsi qu’une antibiothérapie parentérale prolongée (60 jours) sur la base d’un antibiogramme.
Bien vét-amicalement,
Lionel Schilliger