Ulcère avec excroissance

Chat - mâle - 2 ans - 3 kg

Anamnèse

  • Enucléation de l’œil gauche à l’âge de 3 mois suite à un coryza sévère.

  • Présence de pus dans l’œil droit depuis quelques jours.

ulcere Filou - 1

Traitement mis en place

  • Injection d’AINS, suivi d’une administration orale pendant 4 jours.

  • Injection d’antibiotique

  • Application locale 6x/j d’un collyre antibiotique combiné, suivie d’un autre collyre antibiotique 10 minutes plus tard.

  • Administration d’un substitut lacrymal matin et soir.

ulcere Filou - 2

Jour 1 : Examen clinique à l’arrivée

  • Température dans les normes.

  • Présence d’un ulcère cornéen sur l’œil droit, avec néovascularisation et conjonctivite associée.

  • Pression intraoculaire diminuée à 6 mmHg.

  • Réflexe de clignement à la menace présent.

  • Le test à la fluorescéine confirme un ulcère étendu.

Jour 6 : Evolution

  • Amélioration clinique

  • PIO remontée à 15 mmHg.

  • Test à la fluorescéine quasiment négatif.

  • Persistance d’une excroissance cicatricielle malgré la régression de l’ulcère.

 

Adaptation du traitement : 

  • Introduction d’une injection journalière de corticoïde en solution injectable.

  • Poursuite du traitement initial.

Questions

Pensez-vous qu'une intervention chirurgicale est nécessaire ?

Un autre traitement est-il envisageable ?

OPHTALMOLOGIE

DV Thierry Azoulay

Expert : Ophtalmologie

Diplôme : CEAV (Médecine Interne), DIU Chirurgie vitréo-rétinienne

Bonjour,

La lésion observée évoque un granulome cicatriciel secondaire à une infection herpétique. Ce type de lésion survient lorsque le processus de cicatrisation est prolongé ou perturbé par une irritation chronique ou un traitement inadapté.


Avant d’envisager une intervention chirurgicale, il est essentiel d’évaluer plusieurs points :

– Une éventuelle insuffisance lacrymale via un test de Schirmer. Une valeur supérieure à 8-10 mm/min permettrait d’écarter cette hypothèse.

– La présence d’un entropion ou d’un trichiasis.

– Un défaut de fermeture des paupières entraînant une exposition excessive de la cornée, favorisant la formation du granulome.

Si l’une de ces affections est identifiée, il faudra la corriger : larmes artificielles en cas de kératoconjonctivite sèche, chirurgie en cas d’entropion ou de trichiasis (peu probable ici, mais difficile à évaluer sur une simple photo).


Concernant la cornée, une intervention n’est justifiée que si un ulcère à bords décollés est présent. Il est crucial de bien interpréter le test à la fluorescéine : un ulcère est en creux, tandis qu’un granulome est en relief et peut retenir le colorant sans pour autant indiquer une lésion active.


Une fois l’ulcère cicatrisé, il est possible d’administrer un collyre à base de corticoïdes deux fois par jour, associé à un antiviral local quatre fois par jour. Le granulome devrait disparaître en une à deux semaines, sauf en cas de persistance d’une cause irritative sous-jacente.

Étant donné le contexte herpétique, des récidives virales restent possibles et devront être traitées rapidement par un antiviral local. Ces réactivations sont imprévisibles, mais si elles sont bien prises en charge, elles ne représentent pas un risque majeur.

Je recommande un suivi rapproché tous les deux jours au début, afin de s’assurer qu’aucun ulcère n’a été sous-diagnostiqué. Une fois l’amélioration clinique constatée, la guérison sera en bonne voie.

Thierry